Une espèce mythique
Il y a sa taille tout d’abord : 1,2 à 1,3 mètres pour 10 à 15 kg qui relèguent sa lointaine cousine flamboyante d’Europe au rang de lilliputienne. Son âge aussi, elle pourrait vivre centenaire selon des spécialistes, sans oublier sa silhouette entre monstre du Loch Ness et anguille visqueuse et cette tête trop large ponctuée d’une paire d’yeux en têtes d’épingle. Enfin, il y a ce mystère propre à auréoler ces espèces rares, peu étudiées et vivant dans un lointain bout du monde. Dans le cas d’Andrias japonicus, comme son nom l’indique fort bien, c’est dans l’archipel du soleil levant que nous pouvons la rencontrer. Encore faut-il être un brin noctambule même si parfois, elle faillit à ses habitudes et se hasarde hors de son terrier au grand jour.
Si les naturalistes et les chercheurs occidentaux avouent depuis le début du 19ème siècle (date à laquelle le premier spécimen a été ramené en Europe) une fascination sans borne pour cette espèce, c’est aussi, parce que les études sur son comportement, sa physiologie et son écologie sont sinon rares du moins inaccessibles car publiées quasi exclusivement en japonais.
A la faveur de contacts noués il y a plusieurs années avec des chercheurs de l’université de Kyoto, nous avons pu nous rendre sur place et rencontrer cette étrange créature (et obtenir quelques photos inédites de comportements en période de reproduction) tout en faisant le point sur les connaissances de l’espèce.